Théâtre

Jean Le Peltier

Juste avant la nuit

En résidence du 11 février au 19 février 2015

Juste avant la nuit est une pièce de théâtre.

C’est l’histoire d’un personnage qui arrive sur un plateau vide et qui dit au public qu’il va leur raconter une histoire. Mais à peine a-t-il commencé que quelque chose l’interrompt. Cette interruption se substituera à son histoire. Et d’autres suivront, chaque fois lui faisant vivre des événements auxquels il ne s’attendait pas. C’est à la fin de la pièce, le plateau couvert des restes de toutes les perturbations, qu’il reprend la parole et termine enfin son histoire. Alors chaque termes de son récit résonnent curieusement avec toutes les perturbations qui l’ont empêché de s’exprimer.

L’histoire qu’il veut raconter au public est simple. Elle peut se résumer ainsi : 

Je vous ai haï mais je vous ai regretté. Cette phrase est le point de départ de cette création. Plusieurs artistes vont développer chacun dans leur discipline une façon de l’exprimer sur scène. Puis la pièce, l’histoire et toutes ses perturbations, sera construite autour de leurs travaux.

Le récit de cette pièce c’est la désarticulation d’une histoire simple. Celle du personnage qui se présente au public. 

Voilà ce qu’il aimerait raconter :

Abasourdit par le bruit des hommes, il décide de les quitter. Il s’isole au fond d’un bois, construit un abris, trouve le moyen de se nourrir. Il se réjouit d’un rien. Tant et si bien, que la simple ombre d’une feuille sur une autre devient source de curiosité et d’étonnement. Il y donne tellement d’importance que, parfois, cette curiosité devient une chose considérable. Quelque chose auquel on peut s’adresser. Elle apparaît puis disparaît. Il s’amuse à la retrouver plusieurs fois dans la journée dans un bruit, une lumière, un reflet. Il lui parle et progressivement il lui semble qu’elle lui répond. Et lentement, cette chose devient de plus en plus loquace, elle lui apparaît tout le temps. Il lui semble même qu’elle n’est pas seule, qu’elle se multiplie. Alors, sa présence devient terriblement envahissante. Elle finit par être plus assourdissante encore que n’a pu l’être le bruit des hommes. La pièce commence alors que notre personnage a pris la décision de quitter ce vacarme imaginaire. Il se trouve là, devant le public, seul, et il commence à raconter. Il est lucide. Ce sont des chimères toutes ces choses. Il les a imaginé. Il n’y a que lui pour les voir. Pourtant, soudain, elles apparaissent sur scène. Elles ne le laissent pas finir. Elles sont des perturbations visuelles et sonores qui semblent raconter d’autres histoires que la sienne. Et puis, lorsqu’il semble qu’elles ont tout dit, que le silence revient, le personnage reprend le récit de son histoire et le termine. Alors ce qu’il dira raisonnera étrangement avec tout ce qui vient de l’empêcher de parler et donnera finalement du corps à sa parole.

Jean Le Peltier⎪auteur

Stine Hertel⎪Performer & lumières

Jan Rohwedder⎪Performer & scénographe

Mohamed Boujarrah⎪Danseur

Magali Lefbvre⎪Plasticienne & photographe

Stephan Goldrajch⎪Plasticien