
A-Propos, Olivier Dohin & Raphaël Dupin
Nina
Résister : tenter de s’extraire d’une dialogique contemporaine dénuée de fonction, proche de la schizophrénie, où chaque décision prise abat un mur pour en construire un autre.
Comment continuer à avancer ?
Comment refuser de demeurer indifférent devant ce qui se déroule, tout en promouvant autre chose ?
Tel est le sujet central de “Nina”.
« Les avenirs radieux sont morts, il nous faut désormais frayer la voie à un futur possible. » Stéphane Hessel
Ne pas habituer son âme sous peine de mourir. Écouter et observer ce qui, au-delà du problème, ouvre la voie à un devenir, Se questionner sur ce qui “existe actuellement et constitue un horizon dépassable, mieux, même, doit être dépassé parce qu’il impose un horizon mortifère”. C. Ruby
Faut-il se laisser sombrer pour pouvoir remonter la pente ?
S’effondrer autour de soi pour mieux voir ce qui nous transperce, ce qui nous habite, et rejaillir plus fort, plus décidé que jamais, continuer à espérer, se suicider pour ce que l’on croit juste, ne pas se laisser pousser.
Comment rester digne, comment faire émerger ce qui fait de nous des humains, des êtres ?
C’est parce que j’ai été traîné dans la boue, parce que je me suis traîné dans la boue, avec abandon, avec dégoût, avec délectation parfois, que je me regarde en face, que je garde la tête haute. Conscient que malgré tous les obstacles qui se dressent devant moi, malgré toutes les humiliations, malgré cette réalité intenable qui nous entoure, pénétrant dans nos corps, fragilisant nos esprits, nous devons maintenir le cap, continuer à croire en nos idéaux, continuer à se battre, être en colère constamment, et, une fois acculé dans la fange, tel un être misérable attendant la mort, regarder nos bourreaux en face, soutenir leur bestialité en offrant le miroir de notre humanité.





Nina sera une pièce entière, à l’image de Nina Simone, intègre et intransigeante. Le travail d’écriture chorégraphique initié se teinte de l’aura qu’elle dégage et du discours qu’elle porte lors de diverses interviews et interpellations au public (Montreux Jazz Festival de 1976 et 1987). Le corps dansant, imprégné de cet univers bouleversant et intense, cherche à inviter le public à se questionner autant que lui sur les notions de résistance et de dignité humaine. Portés par l’empreinte forte et fragile mais sans demi-mesure de Nina Simone, Olivier Dohin et Raphaël Dupin mettent en jeu le corps silencieux, le corps déséquilibré, l’effondrement de l’être qui combat chaque jour pour continuer à exister face au monde.
Comment revient-on plus fort quand on perd pied ?
Olivier Dohin et Raphaël Dupin s’emparent du combat quotidien de Nina Simone pour nous donner une vision de la nécessité d’entrer en résistance face au monde. La jeune Nina Simone a un rêve : devenir pianiste concertiste de musique classique. Rêve qu'elle s'est vue refuser à cause de la couleur de sa peau. Devenue chanteuse et pianiste de jazz, elle connaît alors un succès immense avec plus de 40 albums enregistrés. Entière et digne, militante et fragile, Nina Simone fait de sa vie un engagement pour les droits civiques aux États-Unis tout en restant hantée par le monde réel et ses convictions les plus profondes.
Olivier Dohin │ Chorégraphe
Raphaël Dupin│Co-écriture et interprète