Un archipel de 5 performances

Lumière d'Août
Alexis Fichet

Oralieu (Planguenoual)

En résidence du 8 mars 2014 au 15 mars 2014
Ouverture de travail le vendredi 14 mars 2014

ORALIEU est composée de 5 performances indépendantes. Chacune peut être vue indépendamment des autres : elle contient sa propre dominante, sa problématique centrale. Mais c’est aussi un ensemble qui s’enrichit en s’additionnant. Certains animaux ou certaines questions traversent plusieurs performances. Nous espérons donc pouvoir jouer ORALIEU sous la forme de séries, ce qui permettrait au public de découvrir l'ensemble du projet, et de tisser des liens d'une performance à l'autre. Le bénéfice d'une série est aussi, évidemment, que dans une série de 5 il y a en vérité 5 propositions différentes : le public peut choisir d'en voir une, ou trois, ou cinq.

 

 

ORALIEU il s’agit de décrire un lieu à l’oral. Il y en a cinq : cinq lieux dans le Monde, en bord de mer. Guinée Conakry, France, Taïwan, Grèce, Nouvelle Calédonie. Cinq lieux où suffisamment de choses se tissaient pour que je puisse les déconstruire en une performance. 

Cinq performances.

BRUNO LATOUR Serions-nous enfin dignes de mériter ce terme par lequel les romans de science-fiction nous ont depuis longtemps baptisés : celui de Terriens ? ALÉATOIRE chaque performance se joue avec en fond visuel une vidéo. Certaines ont été tournées dans les lieux mêmes dont il est question, d’autres après coup. Pour le reste, juste un paquet de fiches, qui sont mélangées devant les spectateurs. Chaque fiche est un impulseur lié au lieu décrit, et à partir duquel je raconte quelque chose : un animal, la qualité d’un sol, les gens qui passent, le climat... L’ensemble crée progressivement un paysage de plus en plus consistant et intelligible. Des réseaux de sens apparaissent.

TÉMOIGNAGE parfois des amis me demandent, en me voyant m’intéresser aux animaux qui m’entourent, d’où me vient cet intérêt. C’est en partie pour répondre à cette question que je me lance dans ORALIEU: c’est une enquête. Pour décrire les lieux, je ne me sers pas de mon imagination, mais de choses que je savais déjà, de l’observation d’un animal, d’informations que j’ai collectées après coup. L’ensemble forme un savoir, mais un savoir qui n’est ni froid ni objectif.

Dans ORALIEU, le savoir est poétique. RONDE dans un article intitulé La Terre est enfin ronde - Libération, 2007 - le sociologue des sciences Bruno Latour reprend ce constat désormais admis : nous avons fait le tour de la Terre, et n’en avons qu’une seule. Il pose alors la question du devenir de l’écologie :

« Nous sommes tous désormais soumis à cette injonction contradictoire : d’un côté, « innover ou mourir » ; de l’autre, « faire attention ou périr » ! De quoi rendre fou, en effet : que peut bien vouloir dire « innover précautionneusement » ? » Pour Latour, il s’agit de considérer « l’humain attaché (ou plutôt rattaché) à l’ensemble des êtres dont il s’est aperçu au cours de sa longue histoire qu’il était dépendant ».

C’est de cela, sans doute, dont traite ORALIEU. D’un humain heureux de tout ce qui le rattache à ce qui l’entoure. Un humain curieux de ses attachements. C’est une écologie joyeuse, curieuse, et non pas alarmiste et dépressive.

 

 Alexis Fichet │Auteur & metteur en scène

Lumière d'Août