
Collectif ZirlibMohamed El Khatib
Sheep
« Sheep », littéralement mouton, est une exploration de la domestication du vivant sous toutes ses formes. Dressage corporel d’abord, c’est la raison pour laquelle 7 comédiens / circassiens / danseurs d’horizons divers et « victimes » de formations techniques très poussées sont convoqués, assurant par là même le caractère dit « physique » de la proposition. La seconde forme de dressage développée dans ce spectacle, moins visible et plus insidieuse relève des barbelés mentaux, fussent-ils des barbelés enguirlandés, de la manière dont les interprètes ont été façonnés par leurs éducations. Nous mobiliserons M. Foucault et F. Deligny. Enfin une caution du vivant : un mouton (comme garant de la fragilité de la partition et source permanente de l’accident possible), un plasticien qui travaille sur le thème du barbelé et un écrivain dit de théâtre.



La question du regard est centrale dans notre dispositif. Tantôt l’animal regarde, tantôt les acteurs regardent par leurs yeux ou par ceux des voisins le plus souvent. Ces perspectives introduisent en permanence une relation avec le hors-champ, avec ce que je vois, de là où je le vois au moment où je le vois de la façon dont je le vois. Soit avec une multitude de déformations. En fonction de ce que je vois, j’agis. Or la conduite d’un agent (un individu) est toujours déterminée par une raison qui lui paraît toujours légitime, et pour cause, c’est la sienne. Interroger ce qui la façonne est au coeur de la proposition. Le travail nous mènera de la question des multiples formes de mimétisme.
“Devant un peloton d’exécution, si je devais crier «Vive la France» pour éviter d’être fusillé, je le ferais, et je tomberais mort... de honte.” J. Genet
Le rapport au vivant est densifié par la présence animale, par nature incontrôlable (bien que le mouton soit d’une certaine façon partiellement domestiqué) ; il ne peut suivre, apprendre un rôle et jouer une partition à chaque représentation : au contraire, il est même en permanence cause possible d’accident. La question de l’accident introduit la notion de « risque », sur laquelle repose cette exploration de la fragilité. Le déséquilibre permanent nous invitera à explorer les limites de nos apprentissages corporels/mentaux. Ainsi, les interprètes alterneront entre ce que l’on attend d’eux, à savoir qu’ils jouent une partition théâtrale ou chorégraphique avec plus ou moins de virtuosité, et des incursions dans des langages auxquels ils ne sont pas rompus (texte, voix, corps, image). La précarité de cette recherche « contre-nature » mènera les interprètes à développer des réflexes « sécuritaires » pour se préserver/sauver en se réfugiant dans ce qu’ils ont vu ou appris auparavant dans leur parcours. Nous mobiliserons ces mécanismes que ce spectacle entend porter à la scène.
Texte et conception │ Mohamed El Khatib
Dramaturgie │ Bérénice Paupert
Plasticien associé │ Olivier Morvan
Environnement lumineux │ Arnaud Chéron
Environnement sonore │ Jean-Noel Françoise
Travail vocal │ Thierry Péteau
Avec │ Mélanie Lomoff, Satchie Noro, Séverine Ragaigne, Samuel Dutertre, Samuel Lefeuvre, Fanny Catel, Thierry Raynaud
Présence animale │ Sheep
Production Zirlib